En argent
 

En argent
     La fine coutelleries et les belles fourchettes….. 

 
Texte sous une image et description
 
 
 En argent
      Les plats, ou un arbre ouvré dans la convivialité du métal, cueille le jus des rôtis….
En argent 
      Les compotiers a trois coupes couronnées de grenades 
                                En argent 
En argent 
        les cruches de vin martelées par les orfèvres 
 En argent,  
       Les plats a poisson, avec leurs pagres au ventre rebondit sur un entrelac d’algues marines

 
En argent
           Les salières, en argent le casse noisette, en argent les gobelets
            En argent les petites cuillères gravées d’initiales
 
Et tout cela, emportés lentement, d’un geste toujours égal, soigneusement
                            Afin que l’argent  ne heurte pas l’argent
 
Vers les sourdes pénombres 
              Des caisses de bois, des corbeilles en attente, des coffres aux solides ferrures
 
                           Sous la surveillance du Maître qui….
 
En robe de pourpre, se contente de faire résonner l’argent, de temps en temps
                En pissant magistralement, d’un geste précis, abondant, percutant

 
Dans un pot de chambre en argent, dont le fonds s’orne  d’un œil malicieux
                                  En argent aveuglé
                    Par l’écume, qui, a force de refléter l’argent
                                       Finit par s’argenter…….
« Ici ce qui reste » dit le  Maitre « et là ce qui part »  et dans ce qui part, il y a aussi un peu 
                                 D’argenterie  
        
 Quelques pièces de moindre importance, une paire de coupes et, naturellement, le pot de chambre avec son œil
                                           
                                               En argent 

 
Et des chemises de soie, et des culottes de soie, et des bas de soie, et des soieries de Chine et des porcelaines du Japon et les tasses du petit déjeuner qu’il prendrait, peut-être
 
                                         Allez  savoir…
 En galante compagnie voilée de châles de Manille qui ont voyagés
                               Sur les vastes mers du Ponant
 
                           «  Ici ce qui reste, là ce qui part »
                                dans le pot de chambre 
                                           En argent
 
Et dans le couloir, ou dorment les oiseaux, la visiteuse nocturne, en ses voiles de Manille
                             et troussée par Maitre et Valet  
 
Mouille ses yeux afin d’obtenir son cadeau d’adieu : collier d’or et d’agent 
            ( que demain elle portera chez l’orfèvre afin d’en connaître la prix )
 
Réclamant au milieu des pleurs et des baisers, du vin de meilleur qualité

 
                                     « C’est de la bibine ! »
 Se plaint-elle, et au Maître et au Serviteur qui s’en envoie des lampées 
                                       a travers le gosier

 
                       « A croire que t’es née dans un palais d’Azulejos !
                Toi que j’aie sauté quand tu passais le torchon sur le pavé ! »
 
Et, dans la vaste demeure lambrissée, et sous les voutes d’angelots dorés, et parmi les caisses d’aiguières et de cuvettes en argent, d’épelons en argent, de boutons en argent, de reliquaires en argent, la voix de la femme resta en suspens…. 
 
                                    Quand la fit taire le Maître 
 

                                           En argent……